Cette rubique présente des articles rédigés par "Papyclock" sur des sujets d'horlogerie qui nous expliquent certains tour de main, conseils ou histoires, le tout avec un certain humour !
Vous trouverez également des conseils divers pour vos travaux d'horlogerie.
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La longueur du balancier est primordiale dans une pendule de Paris, trop longue la pendule retarde, trop courte elle avance; il faut donc trouver un juste milieu. Pour ceci plusieurs méthodes sont disponibles.
La longueur théorique est la distance entre le centre de gravité du balancier et le point de flexion des lames de la suspension cette distance n'est pas facile à mesurer. La longueur pratique, très facile à mesurer avec précision, est la distance entre le centre de la lentille et le sommet du crochet. Ces deux longueurs sont à peu de choses près identiques il n'y a aucun inconvénient à les confondre. Inutile de se faire des nœuds à la cervelle avec des considérations sur le pendule simple , le pendule composé…. Il vaut mieux laisser cela aux beaux esprits et réaliser un balancier utile sachant que le praticien n'est pas idiot et qu'il va construire un balancier un peu plus long d'une dizaine de mm, pour se préserver des aléas dus aux variation de température, changements de suspension… etc.
Dans certains cas, la longueur du balancier est indiquée sur la platine arrière par deux chiffres estampés séparés par un point; en général ces deux chiffres sont placés de part et d'autre du pilier du bas (voir photo). Ils donnent la longueur du balancier en pouces et lignes français. Un pouce français = 12 Lignes = 27,07 millimètres; une ligne = 2,256 mm.
Beaucoup de nos amis étrangers calculent cette longueur du balancier avec le pouce britannique de 25,4 mm et naturellement cela ne marche pas.
Exemple: Les deux chiffres estampés sont 5 et 2, ceci signifie que le balancier mesure 5 pouces 2 lignes soit
(5 x 27,07) + (2 x 2,256) = 139,86…. donc 140 mm
Il suffit de réaliser un balancier dont la longueur pratique est de cette dimension.
Naturellement, lorsque la longueur du balancier n'est pas indiquée sur la platine il faut, "compter les roulants"
C'est une tâche ingrate qui le plus souvent est une corvée pour le praticien, mais il y a un moyen de la rendre moins fastidieuse en réduisant le comptage au minimum. Au cour des temps il y a eu, en général quatre combinaisons pour former le train de rouage :
(72 x 60)/(6 x 6) = 120 ( 84 x 70)/(7 x7) = 120 (84 x 77)/(7 x 7) = 132 (72 x 66)/(6 x 6) = 132
Naturellement il y eu des exceptions mais elles sont rares.
Commencer par compter le nombre d'ailes du pignon de la roue de renvoi de minuterie (6 ou 7), multiplier ce nombre par 12 ce qui donne le nombre de dents de la roue de canon (72 ou 84) et on superpose la roue de canon à la roue de centre; les deux dentures correspondent parfaitement. Pour la roue de moyenne le praticien a prélevé sur des épaves une roue de 60, une de 66, une de 70, et une de 77. Après en avoir retiré le moyeu, il est facile de les superposer à la roue étudiée pour en connaître le nombre de dents. Il ne reste plus qu' à compter le nombre de dents de la roue d'échappement; là aucun moyen d'y échapper.
Calculer la période T
Pour ceci il faut faire le quotient du produit du nombres des dents des roues de centre, de moyenne et d'échappement, par le produit des ailes des pignons de moyenne et d'échappement; le résultat donne le nombre d'oscillations à l'heure OH. Sachant qu'une heure vaut 3600 secondes la période T est donc:
T= 3600/OH
Calculer la longueur du balancier l
Il ne reste plus qu'à calculer la longueur du balancier à l'aide de l'équation générale du pendule : T = 2 π √l / g
T est la période c'est-à-dire le temps mis par le balancier pour parcourir une oscillation complète, donc le temps mis pour effectuer deux alternances t . l est la longueur du balancier et g l'accélération de la pesanteur du lieu considéré. Pour simplifier le calcul le plus souvent on utilise l 'alternance t = T/2 on a donc
t = π √(l/g)
Cette équation est élevée au carré pour se débarrasser du radical elle devient:
t2 = l π2/ g
En prenant π2 = 9,86 et g = 9,81 le quotient 9,86 / 9,81 = 1, 005 est à 5 millièmes près égal à l'unité. Donc, sans risque d'erreur importante , on peut écrire
t2 = l
Exemples:
Un beau régulateur de bureau époque Empire a pour rouage
84 x 70 x 30 = 3600 OH et T = 3600/3600 = 1 et 1/2 = 0,5 donc
7 x 7
l = 0,52 = 0,250 mètre
Soit un régulateur "qui bat la seconde"
Sur une charmante pendule époque louis XVI le rouage est :
72 x 60 x 34 = 4080 oh et T 3600/ 4080 = 0,882 et 1/2 = 0,441
6 x 6
d’où 0,4412 = 0,195 soit 7 pouces 2 lignes, un grand classique.
Naturellement il faut au moment de la réalisation tenir compte du diamètre de la lentille et donner une marge de sécurité en prolongeant le filetage d'au moins 5 mm de part et d'autre du point central pour pouvoir régler correctement la pendule. La longueur totale de la tige de balancier est donc de
l+ demi diamètre de la lentille + 5 millimètres
la longueur du filetage est demi diamètre de la lentille + 10 millimètres
Poids de la lentille.
Dans l'équation générale du pendule le poids de la lentille n'est pas pris en considération, dans le cas de la pendule de Paris il est déterminé par le type d'échappement.
Échappement à petit ancre ordinaire 1à 2 onces 30-60 grammes
Échappement à ancre anglais 2 à 10 onces 60-300 grammes
Échappement à ancre en toit 4 à 8 onces 120-240 grammes
Échappement Brocot* 250-500 grammes
Échappement à chevilles 8 à 16 onces 250-500 grammes
Jusqu’en 1850 le poids est donné en onces "de poids de marc" (30,6 g) ancienne mesure royale, don l'usage a été maintenu pendant long temps dans l'horlogerie.
*Les Brocot ont toujours employé uniquement le système métrique.
Maintenant : la table qui ne sert à rien :
Elle a été publiée par de nombreux auteurs, on la trouve notamment dans les Tardy , dans certains ouvrages britanniques ; elle a été distribuée pendant des générations par les prof dans les écoles d' horlogerie sans que personne ne se soit aperçu qu'elle entièrement fausse. Ci-dessous elle est présentée dans une version L'Epée qui a beaucoup été recopiée.
C'est une table qui à été établie pour un rouage multiplicateur de 120, donc avec une roue de centre de 84 dents, une roue de moyenne de 70 dents et pignons de 7 ailes ou avec une roue de centre de 72 dents, une roue de moyenne de 60 dents et pignons de 6 ailes.
Au premier coup d’œil avec une roue d'échappement de 30 dents chacun sait que la longueur du balancier est de 0,250 et non pas 0, 207 mètre ; car 120 X 30 = 3600 ce qui donne une période de 3600/3600 = 1 seconde, d'on une alternance t de ½ = 0,5 seconde et l = 0,5 au carré = 0,250 mètre.
Tout le reste de cette colonne est à l'avenant : tout est faux.
Quand à la dernière colonne donnant le poids du balancier c'est du folklore intégral, quels sont les coefficients appliqués par l'auteur original?
Sans aucun doute un de ces secrets cher à certains horlogers qui ont la manie d'entourer la pratique du métier d'un écran de fumée faute de connaissances suffisantes,
Mais la tradition est sauvegardée, l'enseignement du folklore est assuré sur Internet ou un jeune " historien " de l'horlogerie. Bruno Jousselin la publie dans son article calcul d'un balancier perdu ; comme la table à force de copies et recopies est devenue presque illisible (voir illustration ci-dessus) il a entrepris de la restaurer de manière à la rendre plus lisible,
Chaque ânerie est recopiée consciencieusement, avec un soin méticuleux, pas une seule a échappé, toutes sont pieusement conservées.
Enfin tout ceci n'a qu'une importance relative puisque de toutes façons cette table ne sert à rien.
Les secrets des origines de la pendule de Paris
Dans les années qui suivirent la mort de Louis XIV l’habitat urbain devint plus confortable. Les fumistes de l’époque savaient construire des cheminées dont le rendement calorifique était bien supérieur à celui des cheminées des décennies précédentes. Elles seront baptisées plus tard « cheminées capucines », elles sont beaucoup plus petite que les précédentes, elles ne font que 105 a 120 cm de hauteur ; il y a au-dessus de la tablette un plan vertical qui va être occupé par un miroir. L’idée de mettre une pendule sur la tablette n’est pas neuve, mais les pendules Louis XIV, comme les têtes de poupées ou autres…, sont beaucoup trop imposantes, il faut des pendules beaucoup plus petites, le gros mouvement carré de 5 pouces est inexploitable.
Les Maitres horlogers parisiens s'orientent vers un mouvement entièrement nouveau; il n'y a plus de place pour la fusée; le barillet contenant le ressort moteur attaque directement le train d'engrenages. En conséquence l'échappement à roue de rencontre ne peu plus être employé, il a une trop grande l'amplitude ce qui fait qui trop sensible aux variations de la force motrice.
L'échappement à ancre qui a été inventé en Angleterre est adapté à ce nouveau mouvement; il donne entière satisfaction. Couplé avec une suspension à fil de soie, il donne un réglage satisfaisant pour les besoins de la vie civile de l'époque
Les gros ateliers parisiens, les frères Lepaute, les mettent en chantier des petites séries (une douzaine pas plus) de mouvements qui montés dans des cabinets créés par les meilleurs artistes du moment rencontrent un vif succès auprès de la clientèle haut de gamme.
Les secrets des chiffres sur la platine arrière des Pendules de Paris.
La platine arrière est souvent porteuse de diverses inscriptions qui peuvent présenter un certain intérêt.
Sur les plus anciennes la platine arrière porte parfois, gravé en magnifiques lettres cursives, le nom de l’horloger et la date sous forme de millésime. La pièce est donc parfaitement identifiée. Dans certains écrits les horlogers de l’époque parlent de la platine du nom ; c’est de la platine arrière qu’il s’agit.
Dans les décennies qui suivent, la platine ne porte plus aucune indication et il faut chercher d’autres indices pour pouvoir dater a peu près la pendule.
Puis petit à petit, avec l’augmentation de la production on voit apparaître deux groupes de chiffres bien différents.
Le premier groupe est composé de deux chiffres frappés de part et d’autre du pilier du bas. Ils donnent la longueur effective du balancier exprimée en pouces français : un’’ français = 27,07 millimètre ; ce pouce est divisé en 12 lignes et une’’’ française = 2,255 millimètre.
Sur la pendule le chiffre a gauche du pilier donne le nombre de pouces ; celui de droite le nombre de lignes ; exemple 5’’et 2‘’’ donc (5 X 27 ,07) + (2 X 2,255) = 139,86 mm soit 140 mm
Le second groupe peut comporter 2,3,4 et même 5 (ce qui est rare) chiffres accolés les uns aux autres. En y regardant de plus près ces mêmes chiffres sont également frappés sur la lunette et sur le balancier Ce ne sont pas des N° de série mais des N° repères pour la fabrication. En effet une fois que le blanc roulant a été "achevé " et réglé qu’il lui a été attribué un balancier à la bonne longueur, qu’il a été muni d’une contre-plaque d’un cadran et de sa lunette et que tout est finalement au point ; l’ensemble est redémonté. Les composants sont envoyés chez les divers sous-traitants, doreur pour les lunettes avant et arrière, polisseuses pour toutes les pièces du mouvement et la contre-plaque. Au retour des ateliers de sous-traitance les pièces sont soigneusement nettoyées . Lorsqu’elles sont en parfait état de propreté l’horloger procède au remontage définitif en prenant bien soin
de ne manipuler aucune pièce à mains nues.
Le mouvement complet est intégré dans le cabinet qui lui était destiné et après
une courte période de réglage; la pendule peut être mise en vente.
Les secrets des repères de sonnerie des Pendules de Paris.
Mise aux repères de la sonnerie à roue de compte et à râteau.
La mise aux repères de la sonnerie est grandement facilitée par l'emploi de petits signes conventionnels que les horlogers professionnels connaissent bien. Une petite creusure conique et borgne est pratiquée sur la serge de la roue elle est située précisément entre deux dents. Sur le pignon sui engrène avec cette roue l'une des ailes a été marquée par un discret coup de lime qui a abattu ainsi le sommet de l'ogive. Il faut bien faire attention pour la repérer, lors du remontage il suffit de mettre cette aile entre les deux dents repérées par le petite creusure et la sonnerie sera correctement sychronisée. Ceci est bien visible pour les repères de délai et marteau, mais il est plus difficile à voir pour le repère de chaperon car la serge de la roue de huitaine dépasse à peine du regard laissé par le pont de la roue de chevilles lorsqu'il est déposé.
Mise aux repères de la sonnerie à râteau.
Pour la sonnerie à râteau il y a également des petits signes conventionnels qui facili-tent le réglage de la sonnerie. Une petite creusure conique et borgne est ménagée sur la chaussée, la roue de renvoi ainsi que sur la roue de canon; Lors du remontage il suffit de mettre en regard les deux points de la chaussée et de la roue de renvoi et de mettre le point de la roue de canon en regard de l'aile du renvoi de minuterie. La sonnerie est parfaitement réglée.
La période artisanale 1750-1830.
Dans les années qui suivirent la mort de Louis XIV l’habitat urbain devint progressivement de plus en plus confortable les pièces le composant furent plus petites, plus intimes. Les fumistes de l’époque ont découvert le moyen de construire des cheminées dont le rendement calorifique était bien supérieur à celui des cheminées des décennies précédentes. Elles seront baptisées plus tard « cheminées capucines », elles sont beaucoup plus petite que les précédentes, elles ne font que 110 a 130 cm de hauteur ; il y a au-dessus de la tablette un plan vertical qui va être occupé par un miroir qui devint de plus en plus indispensable ; les hommes étant aussi coquets que les femmes. L’idée de mettre une pendule sur la tablette n’est pas neuve, mais les pendules Louis XIV, comme les têtes de poupées, cartels ou autres, sont beaucoup trop imposants, il faut des pendules plus petites, le gros mouvement carré de 5 pouces est inexploitable.
Les Maitres horlogers parisiens s'orientent vers un mouvement entièrement nouveau; il n'y a plus de place pour la fusée; le barillet contenant le ressort moteur attaque directement le train d'engrenages. En conséquence l'échappement à roue de rencontre ne peu plus être employé, il a une trop grande l'amplitude ce qui fait qu'il est trop sensible aux variations de la force motrice.
L'échappement à ancre qui a été inventé en Angleterre est sensiblement modifié et adapté à ce nouveau mouvement; il donne entière satisfaction. Couplé avec une suspension à fil de soie, il donne un réglage satisfaisant pour les besoins de la vie civile de l'époque.
Le mouvement était réalisé sous la direction du Maître par ses compagnons. Il se procurait quelques pièces comme les ressorts, les cadrans émaillés, les aiguilles. Au fil du temps il y a dans le Marais, des façonniers qui proposent des ébauches de roues, de barillets et autres qui facilite la fabrication et celle-ci s'oriente de plus en plus ver l'industrialisation.
les rouages sont très fins, les laitons sont polis glace, les aciers sont bleuis unis tous sont de la même couleur. Tous les Maîtres sont d’une rare exigence en ce qui concerne la qualité, d’ailleurs dans les décennies qui vont suivre les horlogers accepteront de sous-traiter la quasi-totalité de leur production mais conserveront la même intransigeance en ce qui concerne le contrôle de la qualité.
Mouvement de la première génération, les roues sont très fines, les roues de temps, de centre et de moyenne ne sont pas alignées.
Mouvement de la première génération, les roues sont très fines, les roues de temps, de centre et de moyenne ne sont pas alignées.
Les gros ateliers parisiens, les frères Lepaute, les Martinot, les Baltazar et bien d'autres mettent en chantier des petites séries (une douzaine pas plus) de mouvements qui montés dans des cabinets créés par les meilleurs artistes du moment rencontrent un vif succès auprès de la clientèle haut de gamme. A la veille de la Révolution il y avait 28 ateliers dans Paris qui produisaient des bancs-roulants de pendules. Pendant cette période 1750-1830 il y a eu environ 600.000* mouvements fabriqués tant à Paris qu'en Province. Soit 5 % de l'ensemble de la production.
Durant la période artisanale, le maître horloger commençait par choisir la boite. Pour ceci il consultait un maître artisan, marbrier, bronzier, ébéniste et il décidait quelles boites choisir pour satisfaire sa clientèle. Le Journal de Paris du 4 mai 1810 donne une bonne idée des exigences de cette clientèle:" L'élégance, la mode veulent que la pendule du salon ne ressemble pas à celle du boudoir, et celle de la salle ou l'on mange soit toute différente de celle de la chambre ou l'on couche. Ce n'est pas tout, il faut aussi que dans la maison d'un prélat, les pendules ne soient pas semblables à celles que l'on trouve dans la maison d'un général; il faut que, pour chaque état les pendules aient des ornements caractéristiques. "
Le maître pouvait également choisir un autre chemin, il s'assurait des services un dessinateur avec qui il mettait sur le papier sa nouvelle idée pour une boite originale. Le dessin achevé était confié à un modeleur qui réalisait la maquette, puis au fondeur qui confectionnait les pièces primaires ainsi que la ciselure et confiait le tout "au monteur en bronzes" qui faisait l'assemblage final. La boite était ensuite " dorée au feu " c'est-à-dire dorée au mercure. Ce procédé est connu depuis l'antiquité. La pièce doit être parfaitement propre et surtout elle ne doit pas avoir de traces de graisse, elle est donc dérochée à l'aide d'une solution d'acides chlorhydrique, sulfurique et nitrique. Vient ensuite l'application de l'amalgame; pour confectionner cet amalgame l'or est finement "moulu" et mélangé avec le mercure chauffé à environ 200°, d'ou parfois le nom de dorure à l'or moulu. L'amalgame est appliqué sur les pièces à doré et le tout est porté au feu, soit sur un lit de braises, soit dans un four. A 357° C le mercure passe de la phase liquide à la phase gazeuse, donc il s'évapore et il ne reste plus sur les pièces que l'or profondément incrusté dans les pores du métal dilaté par la haute température. Mais la plus grosse partie du travail réside dans la finition de la dorure obtenue, celle-ci est "grattebossée" puis brunie à l'aide d'une pierre d'agate pour donner de la brillance ou du mat dans certains endroits et mettre ainsi le modelé en valeur.
C'est la plus belle qualité de dorure qu'il soit possible d'obtenir, la suprématie de la dorure française a été reconnue par les anglais eux même.
Mais ce procédé est extrêmement nocif; le mercure sous forme de gaz est particulièrement dangereux et des générations de doreurs sont mortes prématurément.
Il n’y a pas d’inventeur de la Pendule de Paris, ce sont les horlogers parisiens regroupés en Corporation qui l’ont conçue, construite et perfectionnée; c’est donc une œuvre collégiale. Elle a été élaborée au cour des réunions informelles de la Corporation qui se tenaient le plus souvent autour d’une bonne table, car les Maîtres étaient le matin à l’atelier et l’après midi à la boutique. Vu le prix élevé de ces pendules, la vente était presque toujours finalisée par le patron. Tout ceci fait que ces artisans se réunissaient de préférence aux heures de repas.
Conçue et améliorée entre le tout nouveau foie gras d’Alsace et le fromage que Marie Marel venait d’inventer dans son village de Camembert, l’ensemble accompagné de bons crus, fait que cette mécanique n’en est que plus sympathique.
La période industrielle 1820-1950.
Il y a eu à St Nicolas d'Alieremont une petite production d'horloges de parquet qui se trouva subitement ruinée par l'arrivée de la Comtoise et les malheureux horlogers se trouvèrent dans une misère noire. Il y eut en 1805 49 enfants morts faute de soins et de nourriture. Le préfet de Seine "inférieure" Savoye-Rollin fait un rapport alarmant à son ministre. Celui Jean-Baptiste de Nompère Comte de Champagny est un des plus grands ministres de l'intérieur que la France ai connu, de plus c'est un ami de l'Empereur. Il n'y va pas par quatre chemins: il donne l'ordre à l'Académie des Sciences de trouver immédiatement un homme compétent pour sauver l'industrie horlogère alièremontaise. Deux académiciens Marie Prony et Ferdinand Berthoud sont chargés de résoudre le problème.
Berthoud pense à Honoré Pons un jeune pendulier chez qui il se fournit en blancs-roulants. Pons est un ancien élève d'Antide Janvier, il a travaillé chez les Lepaute et vient de s'installer rue de la Huchette dans l'ile de la Cité pas très loin du "triangle d'or" ou sont installés tous les grands de l'horlogerie Breguet, Berthoud et les autres. Comme les demandes son en constante augmentation, il a créé des machines-outils qui lui permettent de satisfaire plus de clients. Prony et Berthoud lui proposent de prendre en mains les destinées de St Nicolas.
Pour l’encourager l’Etat lui rachète un bon prix ses machines-outils et les met à sa disposition pour équiper ses ateliers de St Nicolas. C’est ce que nos jours nous appelons une subvention.
Jean Baptiste Nompère Comte de Champagny
Pons part pour St Nicolas ou il réorganise complètement la production et un an après Bréguet chargé de faire une inspection fait un rapport des plus élogieux.
La production a été multipliée par 24 là où un ouvrier mettait quatre jours pour faire un mouvement ; il en fait six par jour.
Les prix aussi ont changés avant un mouvement était payé 25 francs, et le pauvre ouvrier gagnait à peine de quoi vivre. Pons vendait ses mouvements 8 francs.
L’affaire était rentable, elle aurait du connaitre une forte croissance mais le dynamisme commercial de Pons et de ses successeurs Duverdré et Bloquel était plutôt tiède. Entre 1810 et 1910 il ya eu environ 2 millions de mouvements de Paris de fabriqués à St Nicolas.
En pays de Montbéliard, à Beaucour les Japy, le père et ses trois fils sont de gros industriels, ils exploitent depuis 1777, une importante usine qui fabrique des ébauches de montres. Flairant la bonne affaire ils achètent en 1810, à quelques lieues de Beaucour, à Badevel un moulin. Ils le transforment en un an en une unité de production de mouvements de pendules. La demande est en constante augmentation et des concurrents s'installent. Jean Vincenti puis Samuel Marti ce qui fait du pays de Montbéliard le plus important centre de fabrication d’horlogerie de moyen volume.
Les Francs-Comtois sont intelligents et dynamiques, les trois principaux fournisseurs se groupent et ouvrent à Paris un dépôt rue Vielle du Temple dans le Marais au cœur même du centre de l'horlogerie parisienne. Ils offrent un large éventail de mouvements; entre 1880 et 1910 la production était de 400.000 mouvements par an et plus de la moitié étaient des pendules de Paris.
Si jusqu’à la fin du programme le mouvement a gardé sa haute qualité il n’en a pas été de même pour l’habillage. Trois événements techniques vont venir modifier les travaux de fabrication.
La dorure électrolytique
La dorure au mercure a été remplacée par la dorure électrolytique pour le plus grand bien des ouvriers doreurs. C’est l’orfèvre français Chartes Christofle qui en 1843 fit les premières applications de l’électrolyse pour dorer les métaux mais les pièces dorées par ce procédé sont beaucoup moins belles. La dorure moins épaisse est très fragile, elle disparait facilement avec par exemple une application du fameux Miror.
L’arrivée sur le marché du régule.
Ce nom de régule désigne deux métaux bien différents : un alliage d’étain et d’antimoine utilisé dans l’industrie en tant qu’alliage antifriction et dans le milieu de la brocante et des antiquités, appellation impropre mais usuelle, d’un alliage de zinc auquel on a ajouté un peu de plomb pour lui donner à peu près la même densité que le bronze. Il est dit aussi " bronze-imitation" (l’arnaque est à portée de main). Les mauvaises langues disent que pour augmenter encore plus leurs profits ces " bronziers" utilisaient le zinc déposé des toitures des immeubles parisiens lorsqu’il était trop vieux et qu’il fallait le remplacer et le plomb qui venait des caractères d’imprimerie lorsque eux aussi était trop vieux. Ce qui fait que la matière première était quasiment gratuite.
Naturellement il y avait des artisans qui travaillaient correctement et une belle statuette en régule vaut beaucoup plus qu’un mauvais bronze.
Son point de fusion est assez bas, il est donc facile à couler et permet l’emploi de moules en acier ce qui fait que le même sujet peut être reproduit de nombreuses fois. La technique est simple ; on introduit le métal en fusion dans le moule et on fait tourner celui-ci lentement jusqu’au refroidissement. C’est le même tour de main que celui des pâtissiers pour faire les œufs de Pâques en chocolat.
Pour distinguer le régule du bronze véritable, il suffit dans un endroit abrité du regard de rayer la surface de l’objet : si la rayure est argentée c’est du régule, si la rayure est dorée c’est du bronze.
Les marbres "sciés mince".
Celui qui est employé en horlogerie provient des carrières des Ardennes belges
Son grain très fin et très homogène, la rareté des fossiles et des veines de calcite favorisent son utilisation en marbrerie. Il prend un poli d’un noir parfait, d’une uniformité et d’un velouté incomparable, qui en font un matériau précieux. Il est particulièrement apprécié pour la décoration intérieure, ainsi que pour la sculpture fine.
C’est un peu après 1800 que les ouvriers trouvèrent le moyen de scier ce marbre en fines lamelles de 7 mm qui, une foi façonnées et polies glace, donnaient des planches de 6 mm d’épaisseur qui ont été très employées pour la décoration intérieure ; et ceci permit également la création de toute une série de boites de pendules de formes géométriques.
Le marbre noir des Ardennes est d’une qualité exceptionnelle, les carrières sont à proximité de Paris, elles sont exploitées par des ouvriers très expérimentés. De surcroit les prix sont beaucoup moins élevés car il y a très peu de frais de transport.
Si au niveau technique la Pendule de Paris a conservé toutes ses qualités, on ne peut pas en dire autant au niveau artistique. Il est vrai que lorsque l’industrie s’empare de l’art elle lui donne rarement des lettres de noblesse.
De 1810 à 1950 il y a eu un peu plus de 10 millions de pendules de Paris fabriquées en Pays de Montbéliard. Soit 80 % de l'ensemble de la production.
Très souvent, après un démontage complet d'un mouvement de Paris, il est difficile, pour un amateur, de retrouver l'emplacement des mobiles lorsqu'ils sont sur la table en vrac ! Pour faire un bouchonnage, il faut aussi installer le bouchon dans le bon trou.
Jean-Marc de l'atelier à pendule, a réalisé ces deux dessins de platine avec le nom de tous les mobiles et le sens d'installation.
Utilsation : l'indication (pignon) en italique signifie que le pignon du mobile est tourné vers la platine.
Vous pouvez aussi charger les dessins en version PDF :
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